déconstruction - oublier la ville
« La condition même d'une déconstruction peut se trouver « à l'œuvre », si on peut dire, dans le système à déconstruire, elle peut y être déjà située, déjà au travail, non pas au centre mais en un centre excentré, dans un coin dont l'excentricité assure la concentration solide du système, participant même à la construction de ce qu'elle menace simultanément de déconstruire. Dès lors on pourrait être tenté d'en conclure ceci : la déconstruction n'est pas une opération survenant après coup, de l'extérieur, un beau jour, elle est toujours déjà à l'oeuvre dans l'œuvre… La force dislocatrice de la déconstruction se trouvant toujours déjà localisée dans l'architecture de l'oeuvre, il n'y aurait en somme, devant ce toujours déjà, qu'à faire oeuvre de mémoire pour savoir déconstruire. Comme je ne crois pouvoir ni accepter ni rejeter une conclusion formulée en ces termes, laissons cette question suspendue pour un temps. »
Jacques Derrida
Mémoires pour Paul de Man
1986
Jean-Luc Nancy énonce une étrange hypothèse : peut-être, un jour, ce que nous nommons ville oubliera jusqu’à ce nom de ville.
Un nom, peut-être, disparaît.
Cette mutation « opère une diffusion de la ville, son évaporation, sa dissipation de fonctions et de lieux dans les espaces périphériques qui deviennent moins périphériques à mesure que le centre s’y extravase, sans pour autant cesser d’être central. »
Par cette porosité croissante du centre ville et de sa banlieue, se dessinent de nouveaux territoires aux frontières labiles, mobiles, plastiques.
Il faut se demander quelles relations peuvent être, à travers la ville, établies, inventées, multipliées, modulées. User toujours davantage de cet espace pour nouer une multiplicité de relations.
Que peut une ville ? Quelles rencontres permet ou interdit-elle ? Quelles en sont les lignes de forces internes ? …
Jean-Luc Nancy
Los Angeles ou la ville au loin
La ville entière
Mille et une nuits
1999