group exhibitions
2007 : Exhibition, La Générale, Paris, exposition collective avec Eric Beaudelaire, Arnaud Elfort, David Giancatarina, Raphaël Grisey, Elodie Huet, Lorentino, Martin Le Chevallier, Philippe Meste, … / http://www.lagenerale.org
La Générale
14, rue du Général Lasalle, 75019 Paris
Exposition du 13 mars au 1er avril
Ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 20h
Vernissage le mardi 13 mars de 18h à 23h
Concert de Jacklean Kikuko et Cheveu à partir de 21h
Une proposition de Élodie Huet
Press : Laura Davy, Exhibition, Paris-Art, mars 2007, http://www.paris-art.com
À l'occasion de la soirée de vernissage commun de l'est parisien, La Galerie Générale réunit 9 artistes autour du mythe et de la fabrication d'icônes contemporaines.
Élodie Huet scénographie Exhibition comme une série de propositions toutes aussi différentes que singulières.
Les œuvres exposées sont de simples représentations, et c'est là un point de départ bien naturel. Des faits d'actualité ou historiques, des figures de notre temps ou d'un autre tissent ces démarches artistiques qui plantent le décor d'une apparente réalité. Réalité dont on soupçonnerait presque l'audience comme déterminante. Cependant, ce qui intéresse ici, ce n'est pas le fait que l'objet de ces oeuvres soient déjà dits ou non, c'est dans le parlant que réside tout leur sens : elles sont avant tout langage.
Car l'enjeu, pour ces réalités, n'est pas de venir trouver le refuge en ces murs d'une chaleureuse actualité. Il ne s'agit pas ici de décortiquer l'évènement, ou encore de hisser le non-évèvement vers une sphère plus méritante, comme par révolte. Ce sont davantage des constats que des explications. Mais voilà que ce constat porte sur l'image, l'icône, ou qu'il se trouve être lui-même une représentation. Que celle-ci soit littérale, détournée ou subtile importe peu. C'est bien autour du mythe ou des signes que l'on tourne.
Et c'est ainsi que le réel disparaît, s'évapore. Subsiste donc un corpus de termes qui sont les signifiants, signifiés, significations, ceux-là même qui sont la terreur de la réalité. Au premier contact, elle se disperse. À la première analyse, à la première volonté de message ou d'expression, elle s'efface. Une réalité dont l'évanescence fait ici sourire, là se politise, ou encore émerveille… Le spectateur est sujet aux mythes.
Après cette perte, la question du reste se pose alors froidement. C'est-à-dire que vaut encore cette icône, cette pléthore d'images, tel mythe? Quelle est donc sa saveur à lui? A-t-il même une valeur ? Il s'agirait là d'un voyage au coeur de la représentation, de ses forces, de ses tares, de son usage, de ses fonctions et buts, ou tour à tour mystifications et démystifications brouillent les pistes.
On l'aura compris, ce n'est plus tel personnage, mais son icône, ce n'est plus telle institution, mais son signifiant. Indigestions sémiotiques, glissements sémiologiques, c'est là l'exhibition de ressentiments vis-à-vis des signes, quels qu'ils soient.
De cette somme de propositions exposées surgissent autant de questions dont on se gardera d'en fournir une unique réponse.
Les œuvres sont autant de lieux théoriques que l'on peinerait à contenir au sein d'un même discours. Discours d'ailleurs privé d'existence a priori : cette exposition serait-elle une icône d'un mythe postmoderne ?
Pierre-Yves Bronsart
TTrioreau :
"The Sarajevo Holiday Inn On Fire"
[...] le cloître même et que, à l’opposé de la salle de projection, on découvre l’enseigne surdimensionnée de la chaîne d’hôtels « Holiday Inn ». Cette enseigne, en plexiglas thermoformé et rétroéclairée peut renvoyer à diverses significations et, en ce sens, il lui revient d’intégrer le titre de l’installation de TTrioreau. The Sarajevo Holiday Inn On Fire, en effet, évoque dans un premier temps un travail de Ed Ruscha (The Los Angeles County Museum On Fire) – on comprendra ici cette référence qui pointe vers la question de la place de l’architecture, sa place controversée, sa destruction anticipée. Par ailleurs, le « Holiday Inn » de Sarajevo revêt une fonction particulière : il est l’endroit où, au plus fort de la guerre serbo-bosniaque, se retrouve la communauté des journalistes internationaux. Cet hôtel, partiellement détruit par le feu durant le conflit, puis reconstruit, est devenu une icône ressuscitée de l’actuelle Sarajevo. Ces différents sens traversent sans aucun doute l’intention de TTrioreau. De plus, le terme même « Holiday Inn » peut devenir la source de glissements de sens. « Holiday » se traduit littéralement de l’anglais par « jour saint », et, bien sûr, la sainteté, la religion ne sont pas sans avoir jouées un rôle prépondérant durant les conflits qui ont ravagé l’ex-Yougoslavie. En français, par contre, le terme est rendu par « vacances ». On pense bien sûr aux vacances, comprises comme cessation momentanée d’une activité, mais également à la vacance qui, quant à elle, pointe vers le vide à l’image de l’expression vacance du pouvoir. Cet hôtel, à Sarajevo, a été évidé de sa fonction lorsqu’il a perdu ce rôle qui était d’héberger des touristes au profit des correspondants des journaux et des chaînes de télévision internationales. Il s’apparente maintenant, au sein de l’installation à ces maisons évoquées plus haut dont ne subsiste que la façade. [...] / Emmanuel Decouard
"Shoot by Chris Burden"
TTrioreau propose pour Exhibition un «remake» de la performance de Chris Burden datée de 1971. Si Chris Burden s’intéressait à ce moment-là à l’effet de la balle dans son bras, TTrioreau propose lui d’en révéler le hors-champ. Impact de balle dans le mur, résultat de l’action effaçant le corps et donc la figure aujourd’hui consacrée de l’artiste, TTrioreau traque l’indice, cristallise le geste de l’artiste, dans une installation à peine perceptible et pourtant chargée d’Histoire. / Elodie Huet